Le changement climatique en Afrique de l’Ouest / Climate Change in West Africa May 14, 2010
sous la direction de Massimiliano Mondelli, l’Harmattan, 2009 ; revu par Kathryn Touré, 2010
Cette petite collection de 125 pages, constituée d’articles en français et en anglais, est une introduction pour comprendre l’impact du changement climatique en Afrique de l’Ouest et la nécessité de stratégies et de solidarités régionales pour compléter les Programmes d’action nationaux d’adaptation (PANA) aux variabilités et changements climatiques. Les communications ont été présentées lors d’un colloque en Côte d’Ivoire sur la façon d’accroître la capacité des États ouest-africains pour faire face aux changements climatiques.
Les articles montrent comment les villageois et les scientifiques conviennent que le changement dans les climats en Afrique de l’Ouest a commencé il ya 30 ans avec une diminution des pluies, en particulier dans les années 1970 et 1980. De plus, aujourd’hui la montée du niveau des mers menace les communautés côtières de Douala à Dakar – où 40% des Ouest-Africains vivent.
Les Africains s’adaptent à la variabilité et aux changements climatiques, provoqués en partie par la surconsommation d’énergie et d’autres ressources dans d’autres parties du monde. Diversifier les moyens d’existence est une façon de s’adapter. Les éleveurs – qui trouvent moins de prairies pour leur bétail et autres animaux – ont commencé à planter et moissonner des récoltes. Les agriculteurs diversifient leurs activités aussi, par exemple en réalisant des travaux dans la ville. Le recours aux innovations agricoles telles que les techniques de conservation des sols est une autre façon de s’adapter. Pour faire face à des terres plus arides au Burkina Faso, par exemple, certains agriculteurs utilisent une technique appelée « zaï » qui consiste à ajouter des matières organiques dans le sol avant les pluies en vue d’accroître sa fertilité (p. 88).
Les populations rurales et les scientifiques travaillent ensemble à travers le continent pour comprendre et inventorier les multiples créations et innovations utilisées dans l’application des connaissances locales afin de s’adapter à la variabilité et aux changements climatiques. Parce que le rythme du changement est si frénétique, la contribution des scientifiques est importante pour aider à améliorer les innovations et étendre l’utilisation de méthodes efficaces. La combinaison des connaissances en prévisions climatiques saisonnières et les prévisions locales climatiques, par exemple, aide les agriculteurs à décider du choix de leurs cultures, comme le sorgho et le mil pendant les périodes sèches, le petit-pois lorsque les conditions sont sèches à humides, et le manioc et les haricots dans des conditions très humides (pp. 72-73). Le fait de continuer à développer de telles stratégies pour faire face à la variabilité du climat pourrait aider l’adaptation à des changements climatiques plus dramatiques.
Quelles approches les États envisageant t-ils? Ils commencent à explorer des stratégies proactives telles que les réserves nationales de céréales, le soutien à la recherche, y compris les bourses pour les jeunes chercheurs, et une meilleure coordination au sein et entre les États, par exemple quand il s’agit de la gestion de l’eau. Pendant que l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble ne parvient pas à faire face aux pénuries en eau renouvelable, des problèmes locaux peuvent apparaître (p. 65). D’où la nécessité d’une approche régionale intégrée. La protection des forêts en Afrique centrale est importante pour réduire les émissions de dioxyde de carbone qui contribuent à la hausse des températures mondiales, la fonte des glaciers, la montée des eaux maritimes et les changements climatiques. Les investissements mondiaux sont aussi nécessaires dans ce domaine. Un autre défi est la mise en place d’incitations et de solutions alternatives afin d’éloigner les ménages et les communautés de l’utilisation du bois et du charbon pour la cuisson, car des gaz à effet de serre sont émis dans l’environnement par ces pratiques, contribuant ainsi au réchauffement planétaire.
Les auteurs des articles de cette collection soulignent la nécessité d’informer, d’éduquer et de communiquer et « donner » aux paysans des informations météorologiques (p. 92) et des stratégies d’adaptation. Ce qui manque, dans cette amorce, est une discussion plus approfondie de la valeur des approches ascendantes et horizontales telles que la recherche-action participative (voir www.crdi.ca/acca) dans laquelle les agriculteurs, en collaboration avec des chercheurs et itérativement les élus et les fonctionnaires du gouvernement, aideraient à recueillir et interpréter les informations dont ils ont besoin.
Enrico Porceddu, invoquant des dimensions plus philosophique et métaphysique, nous rappelle que « la terre a un sens plus large et plus fécond que la zone géographique. La Terre suppose un espace, mais c’est l’environnement où les individus veulent développer leurs projets… La Terre est le lieu où ils intègrent leurs forces et leurs intentions » (p. 76). Nous ne faisons qu’un avec la Terre, et si les humains souhaitent continuer à habiter la planète Terre, nous devons vivre en harmonie avec elle. Celle-ci demande une transition de la dépendance sur le gaz et le pétrole aux énergies renouvelables qui se fondent sur l’hydroélectrique, le solaire, le vent et d’autres ressources renouvelables.
Je recommande cette lecture rapide à tous ceux qui voudraient comprendre les effets du changement climatique sur l’agriculture, la santé, le développement économique et d’autres secteurs et explorer les opportunités que le changement climatique nous propose de revoir et de réorganiser la façon dont nous interagissons les uns avec les autres et avec notre environnement.
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